Parfois pour avoir quelque chose il faut le quitter. Peut-être qu’au sujet de la liberté c'est pareil.
Je crois toujours qu'il ne faut jamais mélanger la politique et l'art, car pour moi il ne faut pas polluer l'art par la politique.
D'ailleurs cela servira à quoi un art qui n'exprime pas la douleur de l'Homme?
Le droit de s'habiller pour ma mère, ma sœur et ma fille est une question politique en Iran. Elles sont victimes de l'outrage et sont condamnées à une très lourde amende.
Lorsque le mouvement de "Ma Liberté Furtive" a pris forme,
j’ai eu une illumination pour soutenir le droit des femmes iraniennes à s’habiller comme elles le souhaitent
C’est alors que mon pinceau s'est mis au service de ce droit par petites touches sur la toile. Et l'empreinte qui reste sur la toile est la figure des femmes qui ont fait le premier pas vers la liberté.
En été 2014, le moment où j'exposé mes œuvre dans une galerie à Strasbourg, j'ai rencontré une journaliste et je lui ai parlé brièvement du sujet de mes peinture et du mouvement de MA LIBERTÉ FURTIVE. Aucun de mes proches ne savait rien au sujet de cette dernière.
Le sujet de mes peintures incomplètes qui avait intéressé par la journaliste, l'attira dans mon atelier. Elle qui se préparait à aller en Syrie en tant que journaliste et moi j’avais une grande inquiétude d'accepter cet entretien.
- INCERTITUDE
C'était une semaine pleine d'anxiété pour moi d'accepter cet entretien. C'est pourquoi il était évidant pour moi qu’après cette interview il faudra que je voyage dans mon pays uniquement dans mes rêves. Je ne pourrai plus prendre ma mère et mon père dans mes bras.
Puisque depuis la création du mouvement de MA LIBERTÉ FURTIVE, j'observais et je suivais les réactions violentes de l'état iranien qui étaient présentées par la télévision, les directives administratives et le podium vendredi (un événement politique-religieux qui est effectué par le représentant du chef suprême du pays). Donc au début je voulais refuser la proposition de la journaliste de l'entretien au sujet des peintures de MA LIBERTÉ FURTIVE.
Si je ne veux jamais les présenter, pour quelles raisons je les peins? Quelle valeurs auront-elles si elles restent toujours dans le coin de mon atelier?
J'avais décidé de peindre des femmes iraniennes combattant contre le voile obligatoire, car l'art est un écho infini pour exprimer la voix des hommes.
- DÉCISION
La journaliste m'a suggéré d’utiliser un pseudonyme ou une abréviation. La proposition était pertinente, raisonnable et en même temps si séduisante. Mais moi, j'existe et j’ai une identité.
Comment pourrais-je ignorer mon existence et me cacher derrière d'un autre nom? Donc en refusant sa suggestion j'ai fermé les yeux sur les rêves de ma vie personnelle.
Il est extrêmement difficile d'accepter ne plus revoir sa famille, sa mère et son père quand je veux.
Parfois pour avoir quelque chose il faut le quitter, moi aussi, j'ai bien échangé ma liberté d’entrer en Iran contre la liberté des femmes iraniennes. Bien que ce soit un petit pas, c'était autant que possible de ma part pour exprimer la voix des FEMMES IRANIENNES.
Aujourd'hui je cris à haute voix, c'est moi Aidin NAKHLBAND qui a fait toutes ces peintures pour protéger les femmes qui se battent pour la LIBERTÉ.